Nous quittons Oeiras pour 3 à 4 jours de navigation en direction de l’archipel de Madère, vers l’île de Porto Santo au nord. Cette île a été nommée ainsi puisqu’elle a été un recours salvateur pour les premiers navigateurs en direction du nouveau monde.

Le vent nous est favorable, la météo prévoit 15 à 20 nœuds de Nord/Nord-Est pour quelques jours ce qui devrait nous conduire rapidement à l’archipel. Mais il faut s’amariner de nouveau, ce qui n’est pas simple pour tout le monde et la houle de travers nous donne du fil à retordre. Nous avons plaisir à nous retrouver en famille et à reprendre le rythme plus tranquille des navigations. Je dois avouer quand même que c’est encore pour moi « un moment à passer ».

Après 3 jours et 3 nuits, le jour baisse et… « Teeeerre en vue ! ». Les enfants sont toujours enthousiastes de pousser ce cri d’explorateur lorsque la côte apparaît sous nos yeux après plusieurs jours de mer.

Après avoir tenté un corps-mort qui ne tenait pas sur le fond, nous mouillons dans le port à la tombée de la nuit, il n’aurait pas fallu arriver plus tard !

Au matin, nous repérons un bateau français jumeau de Sea You : un autre Sun Odyssey 51 à la coque peinte en gris. C’est Moaï. Nous allons les saluer dès notre réveil et faisons ainsi connaissance avec Pascal et Aurore . Ils ont quitté la France avec leurs 2 enfants pour aller s’installer aux Antilles à bord de leur voilier.

Nous reprenons vite le rythme scolaire des escales avec l’école le matin et la détente l’après-midi.

Les petites sont ravies de jouer avec les multiples Playmobil d’Eva. Les grandes font la connaissance de Lucas, 15 ans. Contrairement à Madère, Porto Santo possède une belle plage de sable fin où nous allons nous baigner ensemble quotidiennement. Cela nous permet de nous reposer et de nous détendre. Voici la raison – en plus de la couleur désertique – de ses paysages, pour laquelle nous l’appelons aussi l’île dorée.

Le village est à 2km à pied le long de la plage. Nous y trouvons du pain et tout le nécessaire. Nous y goutons une spécialité de l’île, les excellents Bolo do Caco. Ce sont des pains de semoule fourrés de beurre d’ail et chorizo. Ca ressemble un peu au fameux Préfou vendéen, un délice !

Nous profitons aussi du service de laverie de Maria, nous lui déposons les sacs et récupérons le linge lavé séché plié le lendemain, royal !

Alix entreprend la peinture de notre sigle sur le mur du port. C’est un premier entraînement avant Horta aux Açores où tous les voyageurs laissent une marque de leur passage. C’est vraiment sympa de voir tous ces dessins plus jolis les uns que les autres. Les nationalités sont nombreuses et on sent très bien aussi les diverses motivations de voyages de chacun !

Vers la fin de la semaine, nous voyons arriver une autre famille française avec 3 enfants sur le voilier  « Jubilé ». Et alors qu’elle peignait nous retrouvons notre Alix en grande discussion avec une jeune fille qui semble avoir son âge. C’est Hannah, une jeune allemande de 15 ans qui voyage avec sa famille sur « Eldire ». Quelle chance ! Alix qui commençait à trouver bien difficile d’être loin de ses amies retrouve son sourire et son enthousiasme.

Nous organisons un gros apéritif sur Sea You le soir même avec Jubilé et Eldire, qui heureusement parlent très bien français. C’est un moment très sympathique ensemble, et au moment de nous quitter, nous réalisons que nous avons tous prévu d’aller le lendemain, à la messe ! Nous faisons donc route ensemble le dimanche matin. En peu de temps nous avons le sentiment que des liens fraternels nous unissent. Nous espérons bien nous revoir au Cap Vert puisqu’ils n’iront pas au Sénégal !

Nous décidons de partir découvrir l’île à pied en faisant le tour du volcan. Ce que nous découvrons nous impressionne beaucoup. De la roche volcanique plongeant dans la mer azur, des formations de sable stratifiées, des cabanons de pêcheurs tout au bord de l’eau et les restes de cultures en étages. On nous avait dit que le tour prenait 1h environ. Après près de 3heures de balade, nous n’hésitons pas cependant à accepter la généreuse proposition que nous fait un porto Santorin de nous ramener au bateau en combi 9 places. Sans lui nous serions sans doute rentrés à la nuit parce que le tour était encore long ! Nous découvrons ainsi les derniers moulins de l’île qui ne sont malheureusement plus en service.

L’île de Porto Santo a été cultivée au prix de nombreux efforts tant pour aplanir les terrains que pour les irriguer. Cependant, aujourd’hui la plupart des biens consommés sont importés. Nous découvrons toutefois quelques fruits locaux comme la figue de barbarie qui pousse sur les cactus et le délicieux « maracuja » (fruit de la passion) qui nous rappelle, à Vincent et moi, de bons souvenirs de notre voyage de noce au Costa Rica.

Après réflexion nous décidons de partir directement pour les Canaries sans nous arrêter à Madère. Nous commençons à réaliser que nous n’aurons pas le temps de voir le dixième des pays dans lesquels nous nous arrêtons. C’est frustrant mais c’est la vie ! On parle du coup de repartir plus tard peut-être. Et pour l’instant accepter de vivre ici et maintenant. De faire les rencontres et les découvertes qui nous sont offertes chaque jour avec les contraintes et le rythme qui sont les nôtres.

– Olivia