A quelques milles de Dakar

Nous approchons de Dakar. Papa organise une intense séance de nettoyage du pont dans les moindre recoins. Il faut tellement chaud qu’assez vite nous passons tous régulièrement sur la jupe prendre notre seau sur la tête ou même plonger la tête directement dans l’eau puisque nous n’avançons qu’à 4 malheureux petits nœuds. La chaleur nous écrase déjà et pourtant nous sommes au large! En bon bretons nous redoutons la chaleur à venir. Plus nous approchons plus l’excitation se fait sentir, d’autant que nous sommes escortés d’une cinquantaine de dauphins qui nous font un show digne de nos souvenirs du golf de Gascogne. Nous distinguons même 3 mères qui semblent être entrain de « dauphiner »? puisqu’on aperçoit un dauphinau dans une poche blanchâtre sous leur ventre.

L’arrivée

Nous mouillons dans la baie, de nuit, vers 0h30. Le lendemain matin nous nous précipitons tous sur le pont pour voir, pour la première fois, l’Afrique. Nous découvrons tout d’abords Sea You recouvert d’une fine couche de sable rose. Les vents ont apportés avec eux un peu du désert de Mauritanie! L’air est chargé de sable qui colle sur nos corps moites, nous pique les yeux et rends pâteuse notre langue. Tout notre travail de nettoyage nous semble avoir été bien inutile!

Découverte

Après quelques rapides exercices de maths nous sautons dans l’annexe pour avoir un aperçu plus détaillé du Sénégal. Nous nous promenons le long d’une artère. Je n’avais jamais vu d’endroit aussi sale et aussi pollué. Le sol est jonché de papiers d’emballage, de plastiques, de morceaux de ferraille rouillé et l’air est très pollué. Je tousse à chaque passage de camion. Cependant, ici, les gens sont aussi accueillants que leur ville est sale et polluée. Cet accueil me frappe.

Nous sortons à peine du CVD (club de voile de Dakar) qu’un jeune Sénégalais s’approche de nous :
– « Bonjour, soyez les bienvenues au Sénégal! Tu t’appelles comment toi? »
– « Zélie »
– « Zélie jolie, tu es mon amie.  Restez très longtemps au Sénégal, c’est un pays merveilleux avec des gens merveilleux comme moi😃 ».
Je crois que l’accueil des Sénégalais nous a tous frappé et nous donne une bonne leçon.

 

L’Afrique

Plus tard nous découvrons les « Bana-bana ». Ce sont les marchands ambulants qui, toutes les 10 secondes, nous interpellent par la fenêtre des taxis pour nous proposer des arachides, des poches d’eau fraîche, des gris-gris, etc…
C’est là que notre chauffeur nous apprend le seul mot en wolof (dialecte local) que nous connaissons: c’est « Bakhna, bakhna, dieureudieuf » qui signifie « c’est bien ,c’est beau, merci » ou « non merci »

Nous nous émerveillons aussi des tenus colorées et tellement élégantes des femmes. C’est un spectacle réjouissant pour tous, et mes petites sœurs rêvent aussitôt d’être aussi bien parées que les sénégalaises.
Mais il faut avouer aussi que les odeurs tellement abondantes et surtout celles pestilentielles au mouillage nous laisse une impression bien différente. Comment avons nous pu en arriver là? Comment les hommes que nous sommes ont-ils pu dégrader ainsi la nature? Nous sommes envahit par un sentiment d’impuissance et de culpabilité.

Vacances

Après les formalités à la douanes, nous retrouvons une famille amie de 5 enfants, rencontrée à l’école. Grâce à eux à leurs amis et à leur accueil, nous goûtons de nouveau aux joies d’un vrai lit dans une chambre stable et au « calme » d’une piscine.

Avec eux nous visitons l’île de Gorée. Nous découvrons l’île de Gorée. Quelle merveille ! Une jolie plage, des ruelles colorées, des bougainvilliers, baobabs, fromagers à l’ombre rafraîchissante nous réjouissent et nous reposent après le rythme étourdissant de Dakar. Cette petite île, commune à part entière, à une histoire bien spéciale puisqu’elle a été l’un des points de départ du trafic d’esclaves dans le commerce triangulaire.

Le lendemain, sur L’île de Ngor, nous sommes reçu à déjeuner par oncle Mass. Un Sénégalais fondateur de SOS médecin au Sénégal. Nous ne le connaissons pas, c’est un ami d’ami. Comme beaucoup de Sénégalais, il explique son geste par le mot « Téranga » (terre d’accueil), désignant l’esprit d’accueil au Sénégal.

La semaine touche à sa fin. Après une bonne préparation du plan de nav avec les capitaines de nos bateaux copains Estran et Exultet nous appareillons le lendemain pour le Saloum.

– Alix