Le "tour du monde de l'atlantique" en famille sur un voilier

Mois : septembre 2018

La redoutable traversée du golfe de Gascogne

L’étape On m’avait dit que c’était le plus dur! Et bien j’espère que c’était vrai!!!! Après une courte nuit à Camaret pour aller nous confier à la Vierge de Rocamadour,…

L’étape

On m’avait dit que c’était le plus dur! Et bien j’espère que c’était vrai!!!!
Après une courte nuit à Camaret pour aller nous confier à la Vierge de Rocamadour, patronne et gardienne des marins, nous appareillons à 6h30 pour 3 jours de navigation.
Première étape: le passage du raz de Sein « Qui voit Sein voit sa fin » Vincent m’a mise en conditions! Cependant grâce à l’expertise maritime de Papili nous passons devant la « baie des Trépassés » avec le vent et le courant dans le bon sens donc avec une mer plutôt clémente.
Puis la terre disparaît à l’horizon…incroyable sensation d’être seuls en famille au milieu de l’océan!
Dans l’après-midi nous sommes accueillis dans l’Atlantique par un impressionnant ballet d’une trentaine de dauphins! Incroyable ! Pendant plus d’une demi-heure nous assistons à un véritable spectacle nautique: sauts en double, triple et même quadruple parfaitement synchronisés, demi-tour sur le ventre, une merveilleuse course aquatique se joue autour de nous. Les vagues inondent le pic avant du bateau où les enfants se tiennent en ligne pour ne rien manquer de cette superbe chorégraphie marine, tout le monde est trempé mais tellement émerveillé!
Et le lendemain, dès notre réveil, ce sont des énormes cétacés qui coupent notre route par l’arrière! Des baleines ou des cachalots impressionnants tant par leur taille que par leur grâce. Nous admirons leurs gros corps onduler à la surface de l’océan, elles sont au moins 7 ou 8, c’est formidable! Nous nous sentons tellement chanceux de pouvoir contempler ce tableau grandiose, la création est décidément vraiment magnifique!

Mal de mer

Un spectacle pareil ça se mérite! Il faut avoir l’estomac solide et j’avoue qu’après 2 mois d’intenses préparatifs de départ à la maison et sur Sea You le mien n’est pas tout à fait au mieux de sa forme! Les vagues arrivent de travers, la mer est désordonnée et la houle de trois quart arrière provoque un mouvement de roulis doublé d’un balancier d’avant en arrière irrégulier et terriblement instable. Pas sûr que la Foire du trône propose une attraction de ce style! Comme dit Zélie, « il y a beaucoup de « la gitation » sur le bateau » et pas seulement à cause des enfants!
Changer Ysance devient une épreuve de force et c’est la seule que j’accomplis durant ces trois jours. Heureusement que Papili est là pour assurer, avec Alix qui résiste au mal de mer, la cuisine, la vaisselle et les multiples allers-retour dans la cabine.

J’ai du mal à imaginer qu’il va falloir vivre près de 3 semaines dans ce tambour de machine à laver pour traverser l’Atlantique! Je ne peux plus faire demi-tour, il faudra bien que je m’adapte, la petite phrase qui apaise mes angoisses depuis mon enfance me revient sans cesse « Si d’autres l’ont fait, je peux le faire moi aussi, je vais y arriver! ».
Je me prends à penser que le plus grand confort est de vivre dans un endroit stable! Peu importe le bazar, les miettes, les tâches, le froid, l’absence de douche ou même de toilettes fermées; impossible d’imaginer descendre dans la cabine pour autre chose que pour filer m’allonger sur une couchette si possible avec Ysance et Zélie pour me donner bonne conscience: au moins je m’occupe des petites qui font leur sieste et ne gênent pas les manœuvres!
On m’a parlé des 5 F responsables du mal de mer: Froid, Faim, Fatigue, Frousse et « Foif »! Certes je suis fatiguée, je ne bois pas assez et ne garde pas ce que je mange mais je réalise surtout que j’ai peur! Pas intellectuellement: j’ai confiance en Vincent qui skippe le bateau comme s’il avait fait ça toute sa vie, je suis heureuse de le voir s’épanouir à la barre, se réjouir du premier grain qui arrive parce qu’il va pouvoir braver les éléments à bord de « SON fameux bateau fin comme un oiseau ». J’ai confiance en Papili qui le soutient de son expérience et expertise avec une humilité et un respect qui forcent mon admiration, ce n’est pas lui le capitaine, il attend les ordres de son fils lui qui sait mieux que quiconque qu’il n’y a jamais qu’un seul capitaine à bord. J’ai confiance dans la robustesse de Sea You, il a déjà emmené une famille au-delà de l’océan, je sais qu’il nous mènera dans notre tour de l’atlantique en famille en sécurité.

Et mal de mère

Non, ma peur est plus profonde, elle est viscérale, elle me rend malade au sens propre. J’ai peur quand le bateau gite, peur au moindre bruit et il y en a tant: bruits d’eau de la mer ou des tanks, craquements, claquements violents, frottements des voiles, crissements des cordages, bruits de pas sur le pont…
Je suis en alerte permanente. J’ai peur aussi pour l’équipage. Je guette les cris qui suivent les bruits impressionnants pour m’assurer que tout le monde est là, je les écoute parler, je reconnaîs les voix, tout va bien… je peux m’assoupir.
Pendant la nuit, nous mettons en place des quarts de veille et je prends ma part de mon mieux en faisant le premier quart jusqu’à minuit. Je me sens mieux et j’apprécie de voir le soleil se coucher sur l’Atlantique, c’est plus facile pour moi lorsque tout le monde dort en sécurité dans sa couchette; pas facile d’être une maman sur l’atlantique!
Et quand c’est au tour des autres de veiller je me remets en alerte.

Les consignes sont drastiques, gilet de sauvetage avec ligne de vie et lumière de détresse pour les preneurs de quart. Et interdiction absolue de sortir du cockpit sans être accroché y compris pour faire pipi sur la jupe arrière. Mais Vincent sera-t-il assez prudent?
Et quand c’est au tour d’Alix et Soizic de prendre le quart de 5h à 8h, je dois redoubler de confiance pour réussir à finir ma nuit. Elles m’impressionnent par leur enthousiasme et leur incroyable adaptabilité à la navigation! Avec Amicie elles sont des équipières à part entière et je sais que nous pouvons véritablement compter sur elles pour nous aider dans notre navigation en famille autour de l’Atlantique. Sea You a trouvé un nouvel équipage, bien plus féminin que le précédent mais certainement aussi valeureux!

– Olivia

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De Brest à la Corogne

Nous partons la veille au soir de Brest à Camaret. L’objectif est de se positionner pour passer la raz de Sein dans de bonnes conditions. Il faut être devant la…

Nous partons la veille au soir de Brest à Camaret. L’objectif est de se positionner pour passer la raz de Sein dans de bonnes conditions. Il faut être devant la plate au moment de l’étale qui dure 1/2 heure. Départ donc le lendemain à 6h30. Nous passons à l’aube par le passage à terre entre la pointe et les rochers du Toulinguet avec leur magnifique arche.
Le premier jour de cette traversée du golfe de Gascogne n’est pas des plus agréable : Nous avons une bonne visibilité, mais aussi une houle de 3/4 arrière avec en plus une mer désordonnée.
Ajoutez avec ça à peine quelques nœuds de vent, et cela donne une bonne série de raouls. Seuls Papili, Alix, Zélie et Ysance restent totalement insensibles aux mouvements désordonnés du bateau.
Nous organisons les quarts de la première nuit en tranches de 4 heures de 20h à 8h. Nous croisons quelques cargos venant de l’Espagne ou de Bordeaux et allant vers l’Angleterre ou les pays du nord.
Le lendemain, Nous croisons nos premiers gros mammifères. « Elle souffle! » On voit un jet d’écume, puis deux, suivi d’énormes basses sombres! C’est l’excitation générale. Nous pensons sans en être sur que ce sont des cachalots. N’hésitez pas à nous donner votre avis en commentaire. C’est en tout cas une rencontre inattendue et extraordinaire dont nous gardons encore un souvenir émerveillé.

En fin de matinée nous essuyons notre premier grain. Le ciel s’obscurci. Nous réduisons la toile et nous nous équipons. Les plus jeunes ne sont pas très rassurés. Mais l’inquiétude est de courte durée. Le comportement de Sea You est exemplaire.
Il est bien équilibré en barre, très stable et son étrave puissante fend la mer, imperturbable. C’est de bonne augure pour les conditions difficiles que nous pourrons croiser pour la suite de notre tour de l’atlantique en famille.
Les 24 heures suivantes se font au moteur. Pétole toute la nuit et jusqu’à L’arrivée à Coroña le lendemain après-midi.

– Vincent

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Mon premier quart de nuit

Pour continuer notre tour de l’atlantique , il faut traverser le golfe de Gascogne. Cela dure deux à 3 jours. Comme il n’y a évidemment pas de port au milieu…

Pour continuer notre tour de l’atlantique , il faut traverser le golfe de Gascogne. Cela dure deux à 3 jours. Comme il n’y a évidemment pas de port au milieu nous naviguons aussi la nuit en faisant des roulement toutes les 3 heures. A 5h00 je suis donc réveillée par Papa pour qui c’est l’heure d’aller se coucher.
Je fait ce quart toute seule avec Soizic. En soit ce n’est pas très compliqué: il faut resté éveillée faire le point toutes les vingt minutes sur notre position, notre vitesse, les cargos alentours, les phares près des cotes, le réglage des voiles…
Je me lève donc, encore un peu endormi, je monte sur le pont pour constaté l’état de la mer. Elle est calme mais assez houleuse, on commence déjà à apercevoir les phares parsemants la côte Espagnole.
Le réveil à 5h c’est un peu dur; je vais donc me préparer un café bien chargé qui réveille et réchauffe efficacement. pour m’occuper, je remplace Ulysse, le pilote automatique, à la barre. Le ciel est bien dégagé et la lune est pleine.
Au bout d’un moment, je lâche la barre de SEA YOU pour contempler les étoiles. C’est beau!!! Les quart de nuit c’est fatiguant mais c’est génial. On est tout seul dominant la masse aqueuse, dans le calme de la nuit. Soudain un bip strident me ramène à la réalité:
l’AIS me prévient qu’un cargo se trouve dans les 3 minutes alentours. Après un contrôle au compas de relèvement, je suis rassurée: nous ne sommes pas en route de collision avec lui.

Vers 7h le ciel commence à prendre des couleurs rouges orangé. Le soleil sort lentement de son lit, il s’enflamme…
Déjà Zélie, Augustine et Ysance pointent le bout de leur nez : »On a faim, on peut avoir le petit déjeuner, s’il vous plaît ». C’est le signal annonçant la fin de la nuit. Petit à petit chacun émerge, à son rythme. Nous accosterons en Espagne dans l’après midi. C’est une belle journée en perspective.

– Alix

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Le Départ – l’Amarinage

Jour J Presque toute la famille et quelques amis s’amassent sur le ponton. Certains rient, d’autres pleurent. Nous larguons les amarres accompagnés de grands mouvements de bras et de « Kenavo »….

Jour J

Presque toute la famille et quelques amis s’amassent sur le ponton. Certains rient, d’autres pleurent. Nous larguons les amarres accompagnés de grands mouvements de bras et de « Kenavo ». Sea You s’en va, avec son équipage, pour le tour et d’atlantique, et pour ne revenir que dans un an.

Aujourd’hui nous ne faisons que traverser la baie de St Brieuc. Ce soir, pour la première nuit en famille à bord de notre fameux un mat, nous dormons à St Quay.
Pour nous ce voyage c’est un an de soleil… Eh bien c’est mal parti!! Même en été, le nord de la Bretagne en bateau est plutôt froid.

Et les magnifiques polaires que nous avons commandées et qui arriveront à Brest nous manquent cruellement. Néanmoins, il ne pleut pas beaucoup.

Premier Mouillage

Nous mouillons dans le Jaudy où Charlotte nous rejoint pour 24h. Je suis ravie de pouvoir profiter une dernière fois de ma meilleure amie. Nous sortons donc l’annexe à moteur pour aller la chercher à terre. Malheureusement juste après son embarquement, le moteur toussote puis s’arrête. Malgré tout les efforts de Papa le moteur, qui sort de révision :-(, ne redémarra que la semaine suivante grâce au bons soins du mécano de l’école de voile de Brest. Nous continuons donc à la rame que Papa avait judicieusement pensé à emporter.

 

ndlr : Premier enseignement. Toujours vérifier le contenu de la nourrice avant d’y mettre de l’essence. Les carburateurs n’aiment pas l’eau. Et vu les phases sur la photo, il y en avait une bonne dose!

Brest et ses environs

Toujours en Bretagne Nord, nous goûtons plus tard à « l’enfer des Caraïbes » (expression fréquemment utilisée par Papili pour désigner un soleil de plomb et une chaleur intense). C’est donc l’occasion de sortir les maillots de bains. Nous attrapons un « corps-mort », sortons l’échelle et à l’eau!! »

Ah mais elle est gelée!!! »
En effet l’eau n’est pas si chaude qu’elle en a l’air. Nous sommes tout près de l’Atlantique et ça se sent. Elle est tellement froide que mettre seulement les doigts de pieds dans l’eau fait mal.
On a dit qu’on se baignerait alors on va le faire. Je prends mon courage à deux mains et, sans penser à l’effet que me fait l’eau froide, je descends les échelons le plus vite possible, suivi par Médéric et Soizic. Trois/ quatre brasses me suffisent, c’est bon je me suis baignée. Soizic et Médéric eux vont à l’avant pour se servir du balcon avant comme plongeoir. Plus tard Amicie, Augustine et Zélie se hasardent elles aussi à se mouiller.
Nous arrivons à Brest après une semaine de petites « nav » nous retrouvons nos cousins pour une journée. En effet l’escale tant attendue est écourtée par la météo: il y a une bonne fenêtre sur le golf ces trois prochains jours. Mais la mutinerie est apaisée par l’annonce que Corentin et Cédric nous accompagneront jusqu’à Camaret.

– Alix

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