De la Corogne à Portosin

Papili devant prendre un avion à Saint Jacques de Compostelle pour rentrer en Bretagne, nous décidons d’appareiller le soir vers minuit pour arriver le lendemain dans la journée dans la Ria de Muros. Nous appareillons sous le crachin, et passons les premières heures de quart au près à éviter les flottes de pécheurs espagnols qui tournent par dizaines autour des haut-fonds de la région.
Le vent refusant et mollissant nous continuons au moteur. Les dauphins sont omniprésents. Nous les distinguons dans la nuit tournant autour du bateau dans le plancton phosphorescent, c’est féerique!
Vers 6H le vent revient lentement. Nous repartons sous voile pour une petite heure au près avec un peu d’air : une dizaine de nœuds. Le soleil se lève doucement en essayant de passer au dessus du ciel bien chargé.

Dans l’après-midi, un petit souffle venant de derrière nous invite à lancer le spi. Nous longeons donc la « Costa del morte » et passons le cap Finisterre sous spi.
Cette voile est vraiment imposante! Propulsé par 200m² de toile, Sea You dépasse la vitesse du vent. Il accélère et se cabre, c’est un vrai plaisir!
Nous affalons cependant rapidement après le cap. Un vent thermique se lève et nous changeons de cap. Nous découvrons les bienfaits de la chaussette de spi qui simplifie bien cette manœuvre avec une telle surface. Quelques minutes plus tard nous remontons par 20 nœuds de travers sur l’eau plate de la ria de Muros vers Portosin.

Saint Jacques de Compostelle

La Marina de Portosin est vraiment très accueillante. Le port est très actif, et il y a encore une magnifique flotte de bateaux de pêche. On y parle Français, toujours avec le sourire quel que soit la demande. Les enfants facilitent vraiment les relations, et lorsque nous quittons le port, Catharina nous offre une bouteille de lolo Albariño, le vin des rias Baixas (en galicien)! N’hésitez pas à vous y arrêter si vous passez dans le coin, pour nous c’est la plus belle des rias bajas (en castillan). Le soir de notre arrivée, nous dînons au restaurant du club de voile pour fêter ces 15 premiers jours de nav et passer un dernier bon moment avec Papili avant de nous séparer.

Nous profitons de cet arrêt pour faire une expédition à Saint Jacques de Compostelle. Après avoir loué 2 voitures nous déposons Papili à l’aéroport. Nous apprenons le soir qu’il y a passé toute la journée, son vol sans cesse repoussé. Il ne quittera l’Espagne que le lendemain 🙁. Merci Papa pour ton aide précieuse et discrète qui a permis à tout l’équipage de s’amariner et de prendre confiance!

A St Jacques, nous nous baladons dans le labyrinthe des ruelles médiévales de la ville, et après la messe des pèlerins, nous assistons médusés au ‘vol’ du Botafumerio, le plus grand encensoir du monde!! Il mesure 1,5 mètres de haut et il faut pas moins de 8 hommes pour le balancer, depuis la porte de la Azabachería jusqu’à celle de Platerías à 70 Km/h. Impressionnant!

En sortant, sur la grand place bondée, nous perdons notre Augustine. Nous la retrouverons finalement 30 minutes plus tard dans un camion de police. Quelle frayeur !! A travers ses larmes, elle me dit que heureusement qu’Alix lui avait appris l’Espagnol, car le policier lui avait demandé :

– « ¿Como te llamas? », et qu’elle avait pu répondre :
– « Me llamo Augustine »
– « ¿Agostina? »
– « Non! Au-gu-stine! »

Ria de Vigo

Nous prenons un petit mouillage charmant face à la plage en face de Portosin. Idyllique pour la baignade l’après-midi il se révèle extrêmement agité pour la nuit. Difficile de s’en remettre à son mouillage, mais avec son ancre Bugel de 20 kg et 40 mètres de chaîne, Sea You, lui, ne bronche pas. Il nous faut apprendre à lui faire confiance.

Nous descendons vers la dernière des rias Baixas, la ria de Vigo. Malgré la mer belle, les roches las Serralleiras à l’entrée de la ria lèvent d’une manière impressionnante! Nous mouillons en fin de journée devant Baiona. C’est joli mais c’est une ville très prisée des touristes et donc très bruyante. Le lendemain vers 8h30, une fois la classe lancée nous quittons la baie pour le Portugal, Viana do Castello. Le bon abri près du port, nous cachait un vent frais, plein sud d’une vingtaine de nœuds. Nous décidons rapidement de faire demi-tour le temps de la classe. Ce n’est que le deuxième jour de classe. Il faut réussir le lancement de l’année scolaire et 20 nœuds au près ne nous paraissent pas les conditions idéales.

Nous appareillons donc vers midi, une fois la classe terminée. Le vent est passé au Nord 7/8 nœuds. Pas grand chose, mais au moins dans la bonne direction. Une dizaine de minutes après avoir franchi le fort de Baiona accroché à sa pointe pour prendre la direction sud, le vent passe sud ouest 13/15 nœuds. « Pas grave, on tient juste le bord de près. On bougera plus mais la mer est belle et nous avançons bien ». 5 min après il passe plein sud, puis mollit. Puis pendant 40 min il varie en force et en direction de sud ouest à nord ouest nous faisant faire une série de virements pour des bords qui ne durent que très peu de temps. A chaque fois le vent refuse.
Déçus, nous lançons le moteur. Maigre satisfaction, ce volvo TMD 22 tourne vraiment comme une horloge suisse.

Le vent lui se stabilise à 3° de notre route dans le nez. Je ne comprends rien à ce vent Espagnol!!! Espérons que nous ayons plus de chance avec celui du Portugal.

– Vincent